Une île perdue ?

Publié le 11/08/2011 à 15:49 par davidemurano Tags : bande chats loisirs

 

A l'est, dans une perspective rare, nouveau désastre, il ne reste presque plus rien.

Nous voici devant une île abandonnée, et pourtant, parfaitement récupérable.

C'est une île d'une taille d'un quartier de Venise : Sacca Sessola. Très commode d'accès.

Dans la verdure, un bâtiment des années trente, autrefois à destination hospitalière, tente encore de sauver quelques murs en souvenir de son passé.

Aujourd'hui, l'île, comme étonnée par notre arrivée, se trouve dans une solitude absolue : Ateliers, magasins, centrale thermique, église, salles de loisirs, cinéma... une petite ville désertée sur les eaux.

Et ce, depuis plus de vingt ans, dans une lente et progressive dégradation.

Il y a peu de temps à attendre si nous ne voulons pas que ces architectures gothiques, comme celle d'autres îles isolées, ne deviennent ruines...


Jusqu'à il y a quelques années, un bateau d'une entreprise communale venait accoster pour y apporter le lait et les journaux à deux frères méritants, demeurés là après avoir été coupés de tous.

Un jour, quelqu'un a aussi coupé l'eau...

Puis le bateau a disparu.


Nous marchons au milieu de rosiers éclatés, sur un tapis de pétales.

Tout semble suspendu dans une attente irrémédiable.

Nous assistons, impuissants, à  la veille d'un écroulement...

Il faut faire vite.

On devrait offrir l'île à des pauvres.

A des puissants ?

L'eau ronge inexorablement ce qui reste sur les rives.

La maison du prieur, les escaliers intérieurs, les loggias suspendues, une partie du cloître splendide, les salles de soins, les cellules, les guérites : tout est en mauvais état, mais tout est encore debout.

Dans un panorama mirifique, qui d'ici serre le cœur, nous piétinons les restes de quelques ossements que les marées ont déterrés par leurs courants.

Les maisons sur l'eau ont l'air lugubre, mais vite, elle révèlent d'inquiétantes et d'extraordinaires traces de folie, d'impressionnantes empreintes d'existence dures à mourir...


Un instant de pause.

C'est presque l'obscurité.

Nous avançons sur une herbe tendre et mystérieuse.

Sous un grand robinier, au milieu des ruines, des bruits soudains !

Voleurs, contrebandiers,  Spectres ?

En fait, non, une bande de chats est là aux aguets qui nous surveillent.

Comme des tigres.

Dommage, nous aurions aimé que ce soit un couple d'amoureux.

Il aurait donné de la beauté  à ce lieu "finalement" providentiel où se mélangent tilleuls du Nord, cèdres du Liban, mélèzes et érables d'Alpago, pêchers du Japon, amandiers et figuiers méditerranéens...


Combien de temps encore se maintiendra ce paradis ?